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Y a-t-il un avenir pour la recherche en Algérie ?

Y a-t-il un avenir pour la recherche en Algérie ? article d'El WATAN
par Abdeslam Khaled, vendredi 16 mars 2012, 14:52 ·



Depuis l’avènement de l’ère industrielle au début du XVIIIe siècle, plus particulièrement depuis l’invention de la machine à vapeur, la science et l’industrie ont obtenu plus de résultats dans la domination de la nature qu’au cours de l’histoire antérieure de l’humanité.



Il a fallu 300 000 ans pour que l’homme préhistorique taille «une pierre». Nous vivons actuellement sous la dépendance du développement impétueux des sciences, de la technologie et des techniques d’information tels l’Internet, les réseaux sociaux, la micro-informatique, etc. Ce développement effraie les esprits avancés ou attardés. Dans tout programme scientifique, une place importante doit être réservée à la recherche scientifique avec une priorité à la recherche fondamentale, tels les mathématiques, l’informatique, la micro-informatique, la nano-informatique (les ordinateurs vectoriels), Internet, la physique et la chimie. Les chercheurs et les scientifiques, en raison même du rôle qu’ils doivent jouer et de la grande portée de leur prise de position, ont en effet des responsabilités morales dans l’épanouissement et l’émancipation de la nation algérienne.

La recherche s’effectue au moins dans le cadre des laboratoires de recherche qu’il ne faut pas confondre avec les laboratoires de travaux pratiques, des projets de recherche de type PNR (Projet national de recherche), de projets Cnepru, de projets CMEP, projets de coopération avec les universités françaises, etc.

Situation actuelle de la recherche dans l’enseignement supérieur

Il y a une contradiction dans la mesure où les responsables des universités ont normalement à la fois une fonction pédagogique et de recherche et une fonction d’autorité qui est soumise aux impératifs du ministre qui les a nommés. Il est bien connu qu’un véritable «contrôle administratif» ou une «bureaucratisation à outrance» règne dans les établissements universitaires. Une telle situation ne peut pas ne pas amener les hommes de science et tous ceux qui se préoccupent de l’avenir scientifique du pays à se poser la question suivante : comment en finir avec cette situation aussi préjudiciable à l’intérêt de l’université algérienne ? Pour arriver à ces marasmes et désordres, il fallait détruire toute forme d’ordre et favoriser la médiocrité et l’incompétence.

Le rôle des enseignants-chercheurs responsables se trouve souvent détourné de sa véritable destination, ils sont souvent astreints à des rôles non pas de direction scientifique, de responsabilité scientifique, mais à des besognes policières ou à des besognes de discipline qui sont peu en rapport avec leur rêves d’étudiants. Maintenant, il y a des chercheurs qui deviennent des responsables ou dirigeants, mais alors ils cessent d’être des chercheurs. Dans l’immédiat, on doit inverser la vapeur et la nouvelle tendance sera la subordination de l’administratif aux pédagogique et au scientifique.

Cette inversion se fera par l’obtention des crédits conséquents pour la recherche et qui doivent arriver entre les mains des vrais chercheurs. Actuellement, ces budgets sont virés dans les comptes des universités et gérés par les seuls recteurs et directeurs d’établissements universitaires. Parfois, les chercheurs ne voient même pas la couleur de cet argent. Le développement, sans entrave de la recherche scientifique dans l’intérêt de la nation, est incompatible avec la bureaucratisation de la recherche et avec la mainmise du régime de pouvoir personnel, en tant qu’instrument des monopoles.



Le travail de recherche ne peut évoluer dans un climat de guerre, mais doit évoluer dans une atmosphère de paix, de sérénité, dans une université ayant écarté toute idée d’un recours à la force pour régler les désaccords ou les conflits entre les enseignants-chercheurs, d’une part, et les responsables des établissements universitaires, d’autre part. Ces responsables, à l’origine, étaient des enseignants qui ont juste changé de place autour de la table ronde des discussions.

Les enseignants-chercheurs, parce qu’ils ont une haute qualification et qu’ils aiment leur travail, aspirant à le faire bien dans une perspective de progrès scientifique et technique, se heurtent eux-mêmes et souvent à la bureaucratie.

Les PNR pour un développement technologique



Actuellement, tous les meilleurs cerveaux sont encombrés par des problèmes mineurs pour obtenir des améliorations mineures dans les performances actuelles plutôt que de chercher quelque chose d’entièrement nouveau. Dans les programmes PNR, il faut mettre plus de 80% des chercheurs et jeunes chercheurs pour développer la force énergétique de demain, l’énergie solaire, et que leurs travaux n’aient comme objectif la création d’une centrale solaire algérienne à Adrar ou ses environs.

La création d’une centrale solaire entièrement algérienne favoriserait un essor scientifique et technique profitable à l’ensemble de l’économie algérienne. Il faut permettre aux chercheurs d’avoir une large ouverture d’esprit, à leur donner la possibilité de se perfectionner constamment, d’étendre leurs connaissances en participant aux conférences, aux écoles d’été, d’automne, d’hiver, de printemps et à effectuer des séjours scientifiques dans des laboratoires de recherche étrangers de renommée.



Il faut élaborer un PNR dont le but est : 

- d’établir une gestion véritablement démocratique qui écarte le système du pouvoir personnel et aussi les pratiques du passé qui ont contribué à discréditer les institutions pédagogiques et scientifiques (AG, CU, CAF, CSF, direction du laboratoire, CPM, CPU, etc.) qui ont préparé le terrain au régime autoritaire à l’université ;

- la formation d’un grand nombre de chercheurs compétents, afin de satisfaire les besoins d’une économie nationale, qui doit être moderne et en expansion. La compétence s’affirme par le refus des articles achetés ou de complaisance, où un auteur signe un article qui n’est pas sa spécialité ou limiter le nombre d’auteurs. On a vu des articles signés par une brochette de chercheurs qui sont éloignés scientifiquement de toute idée du thème traité ;

- l’amélioration de la situation matérielle et morale du corps enseignant, ainsi que des chercheurs dont les traitements doivent être augmentés de façon substantielle.

Les dernières augmentations dans le secteur de l’enseignement (80%) n’ont été que de la poudre aux yeux. Vous croyez qu’une prime allouée avec quatre ans de retard est de la générosité. En effet, les cadres des autres secteurs, administrations centrales, entreprises nationales et ministères ont eu des augmentations jusqu’à presque 300% avec effet rétroactif et sans compter les autres privilèges dus aux postes.

De la difficulté de gestion des laboratoires de recherche

Le laboratoire de recherche est régi par le décret exécutif n°99-244 du 31 octobre 1999. Dans les pays développés, les progrès et les moyens de développement vont tellement vite que nous les Algériens ne les rattraperons pas. Le directeur d’un laboratoire ne peut même pas signer un «bon de commande pour des stylos». Les budgets votés et débloqués pour la recherche n’arrivent jamais entre les mains de vrais chercheurs, s’ils arrivent, ce n’est que des miettes. Les chercheurs ont signé des contrats de recherche effectifs à partir de mai 2011. Pour chaque projet PNR, 1 500 000 DA seront débloqués pour l’achat de matériels. Un canevas a été mis à la disposition des chercheurs pour pouvoir puiser et épuiser ce montant. C’est une vraie «montagne» à escalader.Le directeur d’un laboratoire de recherche donne des cours de graduation et de post-graduation, corrige des centaines de copies d’examens, encadre des étudiants en master, magistère, doctorat, lit des dizaines de thèses et mène ses propres recherches. Que font les «acheteurs» des universités ? Pourquoi ne s’occupent-ils pas de l’achat du matériel pour les laboratoires de recherche ? 

Conclusion



Vous me direz que vous avez omis d’évoquer la qualité de la recherche ou des chercheurs.

Il faut imposer que l’évaluation se fasse sur la base de rapports conséquents, disponibles dans les bibliothèques, visibles, lisibles, apparents sur les sites Web des universités, sites constamment ouverts et actualisés, contenant des copies de PV de délibérations de doctorats, de copies d’articles de conférences ou de revues, de copies de brevets d’invention, de confection de documents attestant qu’un travail scientifique a été effectué, de la disponibilité à faire des essais, des démonstrations, etc.

Les brevets d’invention sont moins nécessaires dans la mesure où, pour les exploiter, il faut être extrêmement puissant. Il faut assainir les situations «pédagogique, recherche et administrative» dans les universités.



Un malaise, pour ne pas dire un climat malsain, existe dans nos universités, surtout dans celles de l’intérieur du pays. Il faut éduquer les générations d’étudiants sur la base d’une large diffusion de la vraie science et de la culture générale. Les bienfaits de la recherche scientifique et technique ne peuvent plus être le privilège d’un petit nombre.

La démocratisation ou le grand nombre de chercheurs ne signifie nullement la médiocrité. Peut-on qualifier l’université algérienne de «ruche intelligente» avec plus de 1 300 000 étudiants ? Evidemment non. Nous ne disposons que de quelques milliers d’enseignants chercheurs de rang magistral. Pour comparaison, déjà juste après la Seconde Guerre mondiale, l’université de Cracovie, en Pologne, disposait de 120 professeurs et 700 assistants ou maîtres assistants pour seulement 6000 étudiants.A. D.



16/03/2012
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