Vos p’tites urgences et notre quotidien !

Allons ! Allons !

Aux confrères d’ Al-Khabar, Abderrahmane Belayat, membre du bureau politique du FLN, a déclaré ceci : «Ceux qui pensent que Bouteflika est fâché contre Belkhadem se trompent lourdement.» Cette phrase est importante. Si ! Si ! Je vous assure qu’elle renseigne mieux que mille analyses fines et documentées sur le drame algérien. Cette phrase de Belayat est un indicateur hyper-fiable de la fracture nette, de plus en plus profonde entre une caste et un peuple. Entre une secte et une population vivant à la périphérie misérable des résidences de cette secte. Cette phrase dit bien l’impossible lien entre eux et nous. Parce qu’au fond, même des périphéries misérables peuvent de temps en temps monter des réponses à ce genre d’ineptie prononcée présentement par un membre du FLN. Mais, Ya Si Belayat, qu’est-ce qu’on en a à cirer que Boutef’ soit en colère ou pas contre Belkhadem ? En quoi les rapports entre ces deux-là, leur degré d’amitié ou d’animosité mutuelles peut-il constituer une préoccupation pour les Algériennes et les Algériens ? Parce que là, quand je lis «les gens qui pensent que le raïs est fâché contre Belkhadem se trompent», il n’y a qu’une question qui me vient aussitôt à l’esprit : queeeeeeeeels gens, Ya Si Belayat ? Etes-vous sérieux lorsque vous prenez ainsi le temps, le nôtre bien sûr qui avons payé quinze dinars pour lire Al-Khabar pour l’employer à nous décrire les amours entre Tab Djnanou et l’Empastillé ? Rien à f…, Monsieur Belayat ! Ils peuvent s’aimer. Ils peuvent se détester. L’un peut tomber en disgrâce au signal que l’autre donnera. Ils peuvent se rabibocher demain matin, à l’heure du café, devant les caméras, rien à faire de tout ce cinoche ! Et c’est ce que vous ne semblez pas comprendre. Ou que vous faites semblant de ne pas comprendre. Il y a vos affaires de cour, de basse-cour, vos feuilletons d’amour et de désamour. Et puis, il y a l’Algérie, Ya Si Belayat. Et dans le quotidien des Algériens, les crêpages de chignon dans les douves du Palais, ça ne fait plus d’audimat depuis des années déjà. Une sorte de révolution citoyenne tranquille qui s’est faite sous vos balcons dorés sans que vous n’en preniez conscience ou que vous avez feint d’ignorer. Les Algériens, empêchés de manifester, censurés dans leur expression citoyenne et ignorés, ont retourné contre vous cette arme formidable du mépris profond. Et comment ne pas mépriser ce niveau-là d’intervention dans le débat, au moment où le pays tout entier est agité de malheurs, un monsieur comme vous, Ya Si Belayat, vient nous faire ce genre de «révélations fracassantes» : «Vous savez, Bouteflika n’est pas du tout en colère contre Belkhadem, vous avez compris ?» Ridicule ! Proprement ridicule et presque irréel de déracinement et d’éloignement sidéral. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. 
H. L.