… suicide ?

Je lis ici et là que le corps électoral sera convoqué avant le 17 mai prochain. Et chaque fois que je lis «le corps électoral sera convoqué avant le 17 mai», je me saisis d'un tube de pommade anti-inflammatoire, et j'avale, dans la foulée, d'un coup, cul-sec six comprimés de Paracétamol. C'est que le corps électoral a mal, Khouya ! A force d'être convoqué ainsi, d'être ballotté, d'être baladé, les articulations du corps électoral grincent, coincent, craquent et arrachent à tous ceux qui composent ce grand corps électoral malade des grimaces et des cris de douleur. Je ne voudrais pas paraître hypocondriaque ni alarmiste, mais des médecins, des soignants devraient vite se pencher sur l'état du corps électoral. Parce que tous les symptômes d'un mal sérieux sont là. Prenez mon corps électoral à moi. Avant même de recevoir ma convocation officielle, à partir du moment où il se murmure que le Palais aurait l'intention de convoquer mon pauvre petit corps électoral, je suis pris de tremblements bizarres. Mes jambes jusque-là solides, bien d'aplomb sur terre se dérobent sous moi. Je veux me lever, mais rien ! Les guibolles ne répondent plus. Et ça empire quand la convocation est effective. Lorsqu'elle parvient enfin à mon corps électoral. Là, je souffre de chaque articulation. Je ne peux plus bouger d'un pouce. Même allongé, je gueule ma race ! Plus aucun antalgique n'a d'effet sur mon corps électoral. Pourtant, j'ai bien conscience que les gens du Palais, surtout celui qui ordonne de convoquer nos corps électoraux respectifs, attendent de pied ferme que je m'exécute, que nous nous exécutions tous en nous extirpant de nos lits et en allant braver la douleur en marchant vers les centres de regroupement de tous les corps électoraux du pays. Wallah qu'il ne s'agit pas de mauvaise volonté de ma part. Ni de la vôtre, j'en suis convaincu. Mais il faut qu'ils sachent là-haut qu'il n'y a rien de plus douloureux qu'un corps électoral rongé par la maladie. Il faut qu'ils comprennent une bonne fois pour toutes que leurs traitements antidouleur ne donnent plus rien. Même leur récente trouvaille, un médicament paraît-il de dernière génération dénommé provisoirement par leurs laborantins le «SMS», est inefficace à juguler l'ankylosement du corps électoral. Et Dieu sait qu'il est en train de nous être administré à doses de cheval, en quantité industrielle, en intra-veineuse, en intramusculaire, en gélules, en bidons de sirop de dix litres, en vain ! Les muscles du corps électoral ont lâché. Les os du corps électoral se sont rebellés. Les membres du corps électoral ne répondent plus. Le corps électoral est H.S, hors service. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. 
H. L.