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Les ouvriers de la zone industrielle de Rouiba, à l'est d'Alger, renouent avec la protestationLes ouvriers de la zone industrielle de Rouiba, à l'est d'Alger, renouent avec la protestationLes ouvriers de la zone industrielle de Rouiba, à l'est d'Alger, re

Les ouvriers de la zone industrielle de Rouiba, à l'est d'Alger, renouent avec la protestation
(Econostrum 11/01/2010) 


Les travailleurs contestent les résultats de la tripartite de décembre 2009. Les revendications principales ne sont pas adressées à la direction du complexe mécanique ni même au ministère de tutelle comme cela est habituel dans tout conflit social, mais au gouvernement. 

ALGERIE. La grève déclenchée le 3 janvier 2010 par les 5 000 travailleurs de l’ancien fleuron de l’industrie publique algérienne, la Société nationale de véhicules industriels (SNVI) de Rouiba, s’est étendue en 24 heures à d’autres unités de ce groupe du secteur de la mécanique situées à Hussein-Dey (Alger) et dans d’autres villes du pays comme Annaba (Est) et Tiaret (Sud ouest). 

Mais plus important encore, le mouvement fait tâche d’huile pour toucher d’autres usines de cette zone industrielle de la banlieue est algéroise. 

Les ouvriers d’autres entreprises comme Anabib, Mobsco, Tameg, Hydroaménagement ou Enad ont rejoint le mouvement. 


Manifestations de rue sous état d’urgence

Avec l’érosion du pouvoir d’achat et le manque de concertation, la situation sociale ne cesse de se dégrader (photo DR) Alors que les manifestations et rassemblements sur la voie publique sont strictement interdits en vertu de l’état d’urgence en vigueur depuis le début des années 1990, 2 000 ouvriers environ ont réussi à marcher mercredi 6 janvier 2010, de leur usine jusqu’à l’entrée de la ville voisine de Rouiba où ils ont été bloqués par un important dispositif de police. 

Quelques échauffourées ont provoqué des blessures à trois manifestants. 

La situation s’est aggravée le 7 janvier 2010, lorsque les forces de police ont bloqué la route de Rouiba, empêchant quelques 5 000 ouvriers de l'usine et d'autres entreprises de marcher de nouveau sur la ville. 

Des affrontements ont fait deux blessés parmi les travailleurs.


Une grève sociale à dimension politique
Intervenant dans un contexte marqué par une montée des luttes sociales (grève des 7 200 travailleurs d’ArcelorMittal l’été 2009, révolte des habitants de Diar Echems à Alger, grève des 500 000 travailleurs de l’Education nationale en novembre 2009, grève des médecins généralistes et spécialistes depuis le début de cette nouvelle année), la grève des travailleurs de la SNVI possède indéniablement une dimension politique. 

En effet, les revendications principales ne sont pas adressées à la direction du complexe mécanique ni même au ministère de tutelle comme cela est habituel dans tout conflit social, mais au gouvernement. 

Les ouvriers contestent les principales décisions de la dernière Tripartite patronat-gouvernement-Union générale des travailleurs (UGTA) qui s’est tenue au mois de décembre 2009. 


La retraite et le code du travail
Tout comme les travailleurs de l’éducation avant eux, les ouvriers de la SNVI réclament le maintien de l’actuel système de retraite sans condition d’âge basée sur 32 années de travail et la possibilité de partir en retraite anticipée«du fait des difficiles conditions de travail dans l’industrie. » 

La loi de 1997, adoptée en pleine période de fermeture d’entreprises publiques et de compressions d’effectifs, instaurait la possibilité d’un départ en retraite pour tout travailleur totalisant plus de 20 ans de cotisation à la Sécurité sociale à condition qu’il soit âgé de plus de 50 ans. 

Or, l’accord signé lors de la Tripartite contraint les travailleurs à rester en poste jusqu’à l’âge de 60 ans. 

Ils réclament par ailleurs la suppression de l’article 87 bis du code du travail qui intègre les primes et indemnités dans le salaire de base et exigent une augmentation conséquente des salaires. 

L’augmentation de 3 000 DZD (27,50€)du Salaire minimum national garanti (SNMG) porté à 15 000 DZD (135,50€) lors de la tripartite de décembre est jugée dérisoire et insignifiante dans la mesure où cela ne concerne qu’une minorité de travailleurs. 

L’augmentation du SNMG n’est «favorable qu' aux cadres dirigeants dont les salaires sont indexés dessus». 

Enfin, ils demandent l’allègement de l’impôt sur le revenu global (IRG) « que les salariés paient trois fois plus que d’autres couches aisées » (commerçants…). 


La direction de l’UGTA directement remise en cause

Le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd -au centre de la photo- n’a pas réussi à convaincre les grévistes (photo UGTA) Les émissaires de la centrale syndicale dépêchés sur les lieux pour tenter de calmer les choses n’ont pas réussi à convaincre les grévistes. 

Ceux-ci leur ont ouvertement clamé tout le mal qu’ils pensaient d’eux et de leur chef, le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd. 

Un travailleur s’adressant à la presse résume bien le sentiment général : « J’ai commencé à douter lorsque toutes les parties se sont déclarées satisfaites de la rencontre entre l’UGTA, le gouvernement et le patronat. 

Trois interlocuteurs, qui défendent chacun ses intérêts, ne peuvent pas être tous également satisfaits si ce n’était sur le dos des travailleurs ». 

Le mal est d’autant plus profond que le mécontentement vis-à-vis de la tripartite touche la base du syndicat. 

La grève des travailleurs de la SNVI fait suite au rassemblement de protestation de 600 syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba qui s’est déroulé devant le siège de l’Union locale le 14 décembre 2009. 

Ce rassemblement intervenant lui-même après une rencontre de treize syndicats d’entreprises affiliés à la Fédération de la mécanique et de la métallurgie de l’UGTA, qui rejetaient, le 9 décembre 2009, les conclusions de la tripartite. 

Certains responsables syndicaux de la zone ont d’ailleurs fini par se ranger aux côtés des travailleurs après avoir vainement tenté de les dissuader de poursuivre la grève. 

Enfin, il faut savoir que cette grève n’a pas été initiée par la section syndicale du complexe frappée, depuis plus d’une année, par une crise organique que la direction de l’UGTA n’a pas été en mesure de résoudre. 



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Amal Belkessam, à ALGER


12/01/2010
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