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Les Français doivent la vérité aux Algériens

« Les Français doivent la vérité aux Algériens »

par Belbachir Djelloul

mardi 11 mars 2008

L’ambassadeur de France en Algérie, M. Bernard Bajolet, a effectué ce lundi un bref passage à Tlemcen, « cette ville phare de la culture, si importante dans l’histoire du pays, ville qui a donné de grands noms ». Au CCF, l’ambassadeur rappellera dans son allocution devant une assistance, composée essentiellement d’intellectuels et de hauts responsables de la ville, « les liens étroits qui existent entre l’université de Tlemcen et les université françaises.

C'est en tout 21 conventions de coopération entre l'université de Tlemcen et les universités françaises ». M. Bajolet réitérera sa volonté de vouloir développer la présence économique française à Tlemcen qui se résume pour le moment à 3 agences bancaires. « Nous venons de nommer, à Oran, dans une intention particulière et humaine, un agent qui aura pour mission de promouvoir la vie économique à Tlemcen. »
Dans un point de presse qu'il a accordé aux journalistes et correspondants de différents quotidiens, l'ambassadeur s'étalera sur plusieurs points notamment celui inhérent aux conditions difficiles et déplorables d'obtention de visa au consulat de France à Oran : « L'amélioration des conditions de délivrance de visas est une priorité, le consulat est en phase de démarrage et avec un effectif réduit, nous avons introduit le système de la biométrie. Et justement, le consulat d'Oran doit absorber les anciens dossiers et gérer la nouvelle formule de biométrie. Nos prérogatives visent une délivrance de visas en une semaine.

Le taux de refus de visas devrait baisser grâce à ce système de biométrie qui s'accompagne d'un entretien individuel. Un entretien avec M. Ghouali, recteur de l'université Abou Bakr Belkaïd a fait jaillir ce problème, justement, concernant les visas de circulation pour les chercheurs algériens. Je me suis engagé à regarder ces problèmes de très près. » A la question : que ne gagnerait pas l'Algérie en ne rejoignant pas les pays de la francophonie, surtout dans le domaine de l'éducation et de l'enseignement supérieur, l'ambassadeur répondra que ce qui frappe d'abord, c'est de voir la vitalité et la qualité de la maîtrise de la langue française en Algérie. « Ce qu'elle perd n'est pas un problème réel.

Ce qui est extraordinaire c'est le biculturalisme, un grand capital mis entre les mains de la jeunesse permet à l'Algérie de rester elle-même et de s'ouvrir en même temps aux autres pays francophones. C'est une question politique qui appartient à l'Algérie, pays dynamique, de rentrer en toute souveraineté dans ces pays. Les écrivains algériens sont légion et parmi les meilleurs au monde. Je citerai Yasmina Khadra, Boualem Sansal. Ce qui compte, c'est le terrain, la réalité, l'Algérie est un pays qui est beaucoup plus francophone que bien d'autres pays institutionnalisés francophones. Nous oeuvrons dans un programme bilatéral de soutien à l'enseignement du français, de développer la qualité de l'enseignement centré sur les méthodes pédagogiques.

Nous n'intervenons que dans le domaine technique. » A propos de l'interdiction du ministre de l'Intérieur algérien aux associations de s'approcher des ambassades et de la lecture qu'il fait de cette déclaration, l'ambassadeur de France en Algérie exprimera sa parfaite compréhension des intentions ministérielles. « Dans tous les pays du monde une ambassade doit comprendre la situation dans laquelle elle vit et assurer un contact permanent avec les officiels et les instances politiques. Je ne me sens pas du tout limité dans mon action et chaque diplomate a un droit de réserve qui lui interdit de prendre position dans les affaires politiques intérieures et nous sommes respectueux du devoir de réserve dans les déclarations publiques. »

Concernant les archives du pays, M. Bajolet s'étalera longuement sur la récente opération de remise d'archives de l'audiovisuel. « L'INA a remis à la télévision algérienne tous les documents qui répondaient au mot-clé Algérie. Concernant les documents officiels saisis par la France en 1830, nous nous sommes engagés à les restituer en 4 périodes, de 1967 à 2001. Ce sont en tout 600 cartons et 15 liasses. Bien entendu, nous n'avons pas toutes les archives. Des familles en détiennent plusieurs à titre personnel. Nous n'avons pas de pouvoir juridique pour les récupérer mais dès qu'elles entrent en notre possession, nous les confierons à l'Etat algérien. Je vous rappelle dans ce cas précis, la lettre de Napoléon 1er écrite au Dey d'Alger et que le Président Sarkozy a remise entre les mains de M. Bouteflika, lors de sa visite en Algérie. Cependant, il y a différentes interprétations concernant la période allant de 1830 à 1962.

Nous sommes en train de trouver des solutions pour permettre aux chercheurs algériens et aux historiens de pouvoir y accéder à ces archives. Nous proposons la mise sur pied d'un groupe de travail qui faciliterait cet accès aux archives dont certaines sont d'ordre public si elles ont dépassé les 60 ans d'âge. Nous serons prêts à examiner les autres conditions d'accès. Notre but étant d'avancer vers la vérité de cette période douloureuse pour les deux pays, dépasser les polémiques. Pour exorciser le passé, il faut le voir en face. Les Français doivent la vérité aux Algériens. Il n'y a pas que du négatif. » L'ambassadeur quittera le CCF de Tlemcen après avoir rendu hommage à la communauté française vivant à Tlemcen, une richesse pour les deux pays qui joue un rôle pilote dans la contribution à la redynamisation des liens entre les deux pays.



13/03/2008
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