samedi 24 septembre 2011

Ces cours de fac vendus sous le manteau... [Vidéo]

« Tu veux te donner le maximum de chance en médecine alors tu es tombé sur la bonne page. J'ai été accepté en deuxième année et je vends tous mes cours de première année. » L'annonce postée par Raphaël (1) sur le site leboncoin.fr, il y a moins d'un mois, fait déjà recette à la faculté de médecine de Rennes. Cet étudiant revend ses notes aux « nouveaux » de première année, déjà lancés dans la course à la réussite, dans une filière très sélective.

Rencontré sur un parking, Raphaël explique qu'il a déjà vendu une dizaine de CD-Roms comprenant 4 000 pages de cours polycopiés. « Je me suis fait 1 500 € et ce n'est qu'un début », explique-t-il fièrement. Il raconte son business. « Toutes les feuilles sont rangées dans deux gros classeurs. Elles sont dans le coffre de ma voiture. Après, si l'étudiant est intéressé, je vends le paquet sur un CD-Rom. »

Pour un prix de 150 €, il propose des textes illustrés avec des schémas. « Je les ai pris en photo pendant les cours avec une bonne qualité. » Une pratique illégale qui se répand de plus en plus dans ces filières, mais aussi en faculté de Droit.

« C'est de la contrefaçon »

« L'étudiant qui s'expose à ce genre de pratique risque jusqu'à 3 ans de prison, 300 000 € d'amendes et l'exclusion à tout concours de médecine », explique Antoine Gitton, avocat, spécialiste du droit d'auteur et professeur de droit à l'université de Paris-Nanterre. « Copier les cours d'un professeur, ça s'appelle de la contrefaçon. C'est protégé par le droit d'auteur. Ce n'est pas la donnée scientifique qui est protégée, c'est la méthode d'enseignement », ajoute-t-il.

À Rennes, Raphaël n'est pas le seul « commerçant » de la fac. En cette rentrée universitaire, ils sont trois concurrents à se partager le marché. « Et ils s'alignent sur mes prix », explique-t-il.

Marie (1), étudiante de 20 ans, nous a donné rendez-vous dans le centre-ville de Rennes. Ordinateur portable à la main, elle nous montre les fichiers grâce auxquels elle a empoché plus de 3 000 €. Déjà bonne commerciale, elle argue que cet achat « évitera peut-être à un étudiant de perdre du temps et beaucoup d'argent dans des cours privés proposés par les prépas ».

L'argument ne convainc pas tous les étudiants. Charles qui n'est pas « un gosse de riche », comme il dit, trouve cette pratique « dégueulasse car si tu n'as pas d'argent, tu as moins de chance de réussir que le mec qui a des tunes ».

Mais au fait, pourquoi acheter des cours ? « Il est très difficile de suivre les cours qui vont beaucoup trop vite. Or, les épreuves du concours portent sur l'intégralité. Il est donc indispensable d'en avoir des versions complètes », précise Marie. L'étudiante qui explique agir ainsi « pour payer son loyer », n'a visiblement pas conscience des risques encourus. « Je ne savais pas que l'on pouvait aller en prison ! En première année, les professeurs ne nous alertent pas. Ils nous disent juste de ne pas vendre nos cours trop vite car nous en aurons besoin en deuxième année. »

Peut-on soi-même revendre les cours que l'on vient d'acheter ? À cette question, les vendeurs mettent en garde. « Hors de question de te faire de l'argent sur notre dos. De toute façon, les fichiers sont bloqués. On ne peut pas les reproduire. »

Maël FABRE.

(1) Prénoms d'emprunt