1. Le groupe Salafiste. Le groupe Djihadiste.
   Le groupe Al Ançar…

Les scientifiques n’arrivent toujours pas à expliquer le phénomène. Dieu sait pourtant que plusieurs missions ont été envoyées là-bas, certaines y ayant séjourné des mois entiers, en vain ! De mémoire, comme ça, il y a d’abord eu des climatologues. Ils ont débarqué un jour de grand froid, avec tout leur équipement. Des détecteurs de mouvements des vents. Des sondes atmosphériques. Des ballons de prise d’échantillons en atmosphère et en stratosphère. Des calculateurs de densité des nuages. Et tout un tas d’autres gadgets hypersophistiqués qu’ils ont aussitôt déployés et installés sous les yeux ébahis de la population locale. Et puis, au bout, rien ! Les climatologues s’en sont allés comme ils étaient venus. En faisant beaucoup de bruit, beaucoup de poussière en démontant tout leur bastringue, en le rangeant dans des mallettes, puis dans les coffres de leur 4x4, puis en soulevant de grandes trombes de sable sur leur route vers Alger. Leur ont succédé quelque temps après des biochimistes spécialisés dans l’analyse des particules d’air. Eux aussi sont arrivés en grande pompe, ont mis la ville sens dessus-dessous en installant leur savant matériel. Des bulles de captage d’humidité. Des fûts d’emmagasinement des résidus de rosée matinale. Des bassins de récupération des acidités produites par les cultures locales. Et même de vieilles girouettes indiquant dans d’effroyables grincements le sens des vents. Et là aussi, tout comme pour les climatologues, nada ! Ils repartirent dare-dare. Oubliant tout de même sur place une girouette réfractaire, accrochée en haut d’un silo à grains vide depuis 1962. Des années après, alors que la population de la ville pensait en avoir fini avec les débarquements de scientifiques venus de la capitale, arriva l’une des plus imposantes expéditions jamais envoyées là-bas. Une mission mixte composée de biologistes, d’astrophysiciens, de mathématiciens, de généticiens, d’experts en électrostatique, et même de cartomanciennes et de drôles de gugusses présentés comme des mutants dotés de superpouvoirs sensoriels. Cette mégaéquipe resta une année sur les lieux. Elle y déploya un travail colossal. Les gens de la ville avaient même fini par les accepter, les adopter et commercer avec eux. Beaucoup d’échoppes faisaient le plus gros de leur chiffre d’affaires avec ces «nordistes » bardés de diplômes et de connaissances. Mais au bout, l’expédition, comme celles qui l’avaient précédée, s’avoua impuissante à répondre à la seule question qui était posée à tous les scientifiques qui s’étaient relayés là. Une question pourtant simple. Déconcertante de simplicité : pourquoi c’est précisément dans la ville de Djelfa que la plupart, pour ne pas dire tous les congrès des redresseurs, qu’ils soient FLN, FNA ou tartempion, se tiennent ? Hein ? Pourquoi Djelfa ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.

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