Pourquoi 12 ? Et pourquoi 40 ?

En un laps de temps très court, court dans ce domaine- là particulier, l’ancien président du Conseil constitutionnel est venu par deux fois mettre sur la table des débats une idée. Saïd Bouchaïr souhaite voir l’armée soumise au contrôle du Parlement. Des députés, si je comprends bien. Et j’ai peur d’avoir justement bien compris. Non pas que les Algériens doués de raison comme si Bouchaïr n’ont pas le droit d’émettre des idées, de les rendre publiques et d’en faire la promotion serrée. Que nenni ! Bien au contraire, il faut que la vie politique, et la vie des idées, tout court, s’animent et s’enrichissent. A la seule condition berk que si Saïd nous précise de quel parlement il veut parler. C’est important ! Si c’est de l’actuel Parlement, mes peurs du début de la chronique virent à l’angoisse, voire à la panique. Je m’explique. Une ANP soumise au Parlement aurait-elle pu intervenir aussi prestement et aussi efficacement à Tiguentourine si elle avait dû au préalable avoir l’aval d’une Assemblée dont certains «honorables» membres n’étaient pas loin de penser qu’il fallait négocier avec les barbus du Sud ? Ce n’est qu’un aspect de la question. Il en est un autre qui m’inquiète un peu plus. Comment une institution propre, oui, propre, comme l’armée algérienne devrait se voir placer sous la tutelle de parlementaires, heureusement pas tous bien sûr, dont la seule préoccupation est la Herg’ma, la bouffe et le remplissage des «citernes à privilèges» ? J’ouvre ici une parenthèse pour en finir dans la foulée avec un mythe. Celui qui représente l’ANP sous les seuls traits d’un général bedonnant et la main dans la caisse ou dans le baril de pétrole. C’est court. Très court. C’est facile. Très facile. Ça plaît bien ailleurs, dans les salons parisiens notamment, où il est tellement plus confortable pour l’intelligentsia de réduire l’Algérie à une opposition mécanique entre «braves islamistes armés et junte militaire janvieriste, génocidaire et grabataire ». Sauf que depuis quelques années, Débile-City a définitivement fermé ses portes et n’amuse plus que des attardés shootés à la vodka, au caviar et au doux clapotis de la Seine au mois de mai. Je n’ai aucune honte, mais alors aucune, bien au contraire, à dire et à écrire que la seule institution encore debout, la seule bâtisse que la mafia qui a dirigé ce pays n’a pas réussi à casser, à abattre et à asservir, c’est l’ANP. Si ça ne suffit pas aux yeux des «Kitukistes» et des réducteurs de l’équation algérienne, je souligne au gros marqueur indélébile : l’armée est tellement ce dernier rempart contre l’affaissement total qu’il est insensé, voire terrifiant de vouloir la mettre sous le contrôle du Parlement. Demain, peutêtre, nous y viendrons. Lorsque les civils cesseront de se cacher derrière la caserne et les chars pour mieux traficoter leurs élections. Mais aujourd’hui, Ya Si Saïd Bouchaïr ? Aujourd’hui ? Avec ces parlementaires-là ? Sous le contrôle de ces députés-là ? C’est une blague, j’espère ? Et si c’est une blague, elle est tellement de mauvais goût que j’en fume du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue. 
H. L.