Le scotch. Sans glaçons !

اa ne peut plus durer comme ça ! Il faut réagir. Un drame est en train de se jouer sous nos yeux et nous ne bougeons pas ! D'ailleurs, le terme de «drame» n'est pas approprié. Un génocide devrais-je écrire ! Des panneaux électoraux et des affiches sont assassinés tous les jours et personne ne fait rien. Allons-nous attendre jusqu'à la solution finale, le «trucidage» du dernier panneau, la liquidation de la dernière affiche ? Non, bien sûr ! Mais si une majorité de quidams sont d'accord pour faire quelque chose afin de sauver ce qui peut encore l'être, reste la question centrale : que faire ? Exiger que les affiches soient fabriquées en matière élastique ? اa ne résout rien, au fond. Car restera le feu ! Et le plastique en brûlant dégagera des fumées encore plus âcres que celles qui noircissent notre horizon depuis des lustres. Former des brigades spéciales de pompiers postés en permanence devant les panneaux afin d'intervenir le plus rapidement possible en cas de tentative d'immolation par le feu des affiches en plastique ? C'est envisageable, même si les effectifs actuels ne peuvent suffire, malgré les 36 millions de pompiers déjà recrutés ces derniers mois dans le cadre de l'emploi des jeunes pour prévenir des départs de feu couvant en chacun de nous. On peut aussi imaginer attacher deux extincteurs au pied de chaque panneau d'affichage, avec le mode d'emploi accroché dessus, comme dans les chambres d'hôtel. Mais là, ça reviendrait à faire le jeu de la mafia des extincteurs qui s'est mis en tête depuis quelque temps déjà de mettre le pays à feu et à sang. Et cela, sans compter avec les zouaves qui seraient tentés de recouvrir les affiches avec la mousse carbonique contenue dans les extincteurs. Non, les extincteurs, à oublier ! Mettre alors des barreaudages et des blindages aux panneaux d'affichage ? Là aussi, c'est théoriquement envisageable, sauf que le cahier des charges des ferronniers est déjà plein à craquer. Ils sont tous mobilisés à la confection de nouvelles cellules dans les prisons surpeuplées du pays tant les arrestations de manifestants, les rafles arbitraires de personnes qui marchent le plus simplement du monde dans la rue sont de plus en plus nombreuses. Mon Dieu, quel casse-tête ! اa me déprime réellement. D'autant plus que les électeurs et les électrices, les très nombreux Algériens qui n'ont pas encore porté leur choix sur un candidat sont ainsi privés d'un outil démocratique primordial dans leur décision. Sans panneaux, sans affiches et avec 36 millions de pompiers qui les coursent partout, il faut bien l'admettre, nous sommes loin des grandes ambiances électorales. Heureusement que cette année, la loi a été aménagée. On peut voter, même si l'on n'a pas de carte d'électeur. On peut voter même sans carte d'identité. On peut voter même sans passeport. Il suffit juste de présenter un extincteur en état de marche, la date de péremption accrochée à sa goupille faisant foi. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. 
H. L.

Nombre de lecture : 332