… de garage !

Il faut nous mettre ça dans notre tête, une bonne fois pour toutes. En Algérie, nous avons un problème sérieux avec les détergents ! Oui ! Oui ! Oui ! Avec les détergents ! Comme quelques autres compatriotes qui avaient encore ce soir-là l’électricité chez eux, j’ai écouté le discours express d’Abdekka. Et durant cette épreuve — autant pour lui que pour nous — le châtelain a tenu à préciser que les législatives de cette année seront propres. C’est donc sur cette affirmation détergente que moi, je suis bien obligé de marquer une halte. Depuis 1962, nos responsables n’arrêtent pas de nous promettre des scrutins propres. Déjà, du temps d’OMO, ils s’engageaient sur la propreté du vote. Il y a eu ensuite Telj. Là aussi, ils ont juré, la main sur le paquet de 250 grammes de poudre plus ou moins blanche, que le vote serait propre. Ensuite, ils ont réactualisé leur promesse, avec cette fois-là la main sur un paquet d’Isis de 5 kilos. Plus récemment, j’ai vraiment cru à la propreté des opérations électorales dans mon pays, parce que j’y ai vu débarquer les Allemands. Ceux d’Henkel. Je me suis dit «voilà des gens sérieux, dont la réputation de blancheur est indiscutable, donc, nous allons enfin les avoir nos élections propres !» Eh ben, même là, même avec la force des billes oxygène de Le Chat, le vote n’arrivait toujours pas à ressortir blanc de l’urne. Et je vous fais ici l’économie de l’énumération fastidieuse des pseudo-marques de détergents qui polluent nos supérettes. Les PICO. Les BAYADH. Les Monsieur N’Dhif et autres Ghassal. Rien de rien ! Tous ces détergents ont foiré leur coup. Mais alors, si ce n’est pas la faute aux détergents, à la poudre que nous utilisons, à qui incombe cette saleté qui rend notre linge politique immettable, plein de taches, auréolé sous les aisselles et très vite, au bout de trois ou quatre lavages, sans aucune couleur précise ni définie ? L’eau ? Ou plus exactement ce calcaire tellement présent dans l’eau qui coule dans nos robinets ? Peut-être. Mais en même temps, je n’adhère que moyennement à cette thèse d’une eau trop calcaire pour être honnête. Eh oui ! Prenez les lavages à sec. Les pressings. Sans eau ! Et sans détergents ! Même ça, même ce procédé n’a pas réussi à nous faire obtenir un scrutin propre. Du coup, et ayant vraiment fait le tour de la lessiveuse, des paquets de détergents, des filtres à eau et des pressings, j’en suis forcément arrivé à la seule conclusion possible. Ce n’est pas le détergent. Ce n’est pas l’eau. C’est les lavandières. Les personnes chargées du lavage. Le problème ne peut être que là. Et il ne peut être résolu qu’en changeant ces lavandières. En commençant par leur chef. Celui qui n’arrête pas de proférer le mot «propreté» aux quatre vents mais de la bouche de qui nous ne voyons sortir aucune bulle de savon. Un détergent qui ne mousse pas, c’est louche ! Blup ! Blup ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. 
H. L.